Frêche, Koering, Jeanneney… il y a quarante ans, ils étaient trois à faire le pari de la curiosité, du talent et de la jeunesse. Trois éclaireurs résolus à marier le plaisir à l’intelligence, la beauté avec le plus grand nombre et à ne pas confondre les valeurs qui nous fondent avec les chiffres qui les jaugent. Il y a quarante ans… sur une vie d’homme, autant dire une éternité… et l’éternité n’est pas une mince affaire en ces temps minuscules ! C’est précisément ce qui nous porte ici : l’intemporel, le « tas de ce qui dure », disait le Sétois Paul Valéry en parlant du socle nécessaire à l’idée de civilisation.

Nous voici donc quelques années plus tard, à célébrer dans cette édition bien plus qu’un anniversaire : un mouvement vivant, vibrant, dans une métropole et une région qui, avec le meilleur de la radio de service public, ont fait le pari d’offrir le meilleur de la musique au public le plus large. Une offrande qui fait la part belle aux oeuvres majeures, aux découvertes, à la création et surtout aux artistes que nous avons choisis d’accompagner, à celles et ceux qu’il nous paraît urgent d’entendre, dans le respect de chaque esthétique, à égale dignité.

On retrouvera quelques amis fidèles comme Hervé Niquet avec une superbe messe de Striggio pour 40 voix, ou des « illustres » comme William Christie. On entendra pour la première fois ici Yuja Wang à la tête du Mahler Chamber Orchestra pour nous donner, dans le même programme, Chopin et Tchaïkovski, Brad Mehldau dans ses oeuvres et le lendemain chez Gabriel Fauré, Tarmo Peltokoski avec le Capitole dans la Deuxième de Mahler et le choeur de l’Orfeón Donostiarra, Ravel par l’Orchestre National ou par Bertrand Chamayou dans une intégrale brûlante et lumineuse, ou le Philhar avec cette formidable jeune cheffe Mirga Gražinytė- Tyla pour découvrir une oeuvre majeure de Thomas Adès, ou encore fêter avec Daniil Trifonov et Daniel Harding la vie de héros de nos pères fondateurs. Roderick Cox dans Dvořák avec l’Orchestre de Montpellier partout à la manoeuvre, des dizaines de jeunes musiciens qui viendront faire leurs premiers pas, un Tohu-Bohu imaginé en complicité avec Fip, Pétrarque et France Culture, Feu ! Chatterton, Anoushka Shankar, Bach, Beethoven, Brahms, etc. et France Musique qui y prendra ses quartiers d’été pour offrir le Festival à toutes celles et ceux qui ne pourront s’y rendre.

Pour les autres, pour nous autres, que la fête commence !

Michel Orier
Directeur du Festival