Pour faire un festival, il faut partir du cœur, de la recherche d’une pulsation vivante, entêtante, déterminée, pour mettre en mouvement toute une ville.
Capter l’énergie derrière les notes et l’écriture, sous les doigts et les voix des artistes que nous aurons choisi d’accompagner, se méfier des faux semblants mais ne pas résister à l’émotion. S’émerveiller de l’émergence, de la naissance des talents, de l’inouï, « ne pas s’impatienter de la surdité du monde » aurait dit Didier-Georges Gabily, et faire confiance au public qui à la fin choisira le chemin qui va de chacun à tous.

Donc Bach, ça commence comme ça, toujours comme ça, par Bach, les Goldberg  la première fois de Geoffroy Couteau, les Partitas de Daniel Lozakovich, les Suites pour violoncelle d’Ophélie Gaillard, puis Mozart, le Requiem par Julien Chauvin et les voix des Éléments, Beethoven avec John Eliot Gardiner et Piotr Anderszewski, et Ravel pour l’inédit miraculeusement exhumé et l’intégrale de Daphnis et Chloé par François-Xavier Roth, les Siècles et le Choeur de Radio France. Nous nous amuserons du mouvement de balancier entre la transcendance ci dessus assumée, et la transe de Steve Reich et de sa Music for 18 Musicians ou du duo versaillais d’Air au Domaine d’O. Mais au-delà nous nous réjouirons de voir naître l’Académie du festival et de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, d’entendre les Kindertotenlieder de Mahler par Marianne Crebassa sous la baguette de Mikko Franck, de suivre les académiciens dans leur déambulation, et de les entendre créer de nouvelles pièces (Othman Louati) ou interpréter le Groupe des Six au musée Fabre ou dans d’autres lieux patrimoniaux du centre-ville.
On retrouvera l’ami Kantorow, on prendra congé de Casanova avec Solrey et on célébrera le jazz à l’Agora avec Henri Texier et à l’amphi d’O et, pour faire bonne mesure dans ce moment de records olympiques, nous présenterons les images sublimes de l’intégrale de la version reconstruite du  Napoléon d’Abel Gance avec ses 7 heures de musique, enregistrées par l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique et le Choeur de Radio France. L’Orchestre National Montpellier Occitanie, en majesté sur cette édition, ouvrira le bal place de l’Europe, célébrera le 14 juillet, nous donnera le Stabat mater de Rossini avec Pretty Yende, clôturera le festival avec la « Sensational Symphony » de Jeanne Added. Et, pour faire le derby, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse nous fera entendre son tout jeune chef finlandais, Tarmo Peltokoski, né avec le siècle, dans Les Tableaux d’une exposition et la scène finale du Capriccio de Strauss avec Elsa Dreisig. Tohu-Bohu prendra possession du Domaine d’O avec la complicité de Fip, France Culture reviendra au coeur du festival avec les Rencontres de Pétrarque, France Inter fera son grand retour, et France Musique tiendra ici ses quartiers d’été.
À Montpellier, Occitanie, au coeur de la musique !

Michel Orier
Directeur du Festival