STABAT MATER ROSSINI
- Le Corum, Opéra Berlioz
- Montpellier
GIOACHINO ROSSINI (1792–1868)
Stabat mater - 1h’10
« Stabat Mater dolorosa » : solistes et chœur
« Cujus animam gementem » : solo ténor
« Quis est homo » : duo soprano et mezzo-soprano
« Pro peccatis suæ gentis » : solo basse
« Eia, mater, fons amoris » : solo basse et chœur a cappella
« Sancta mater, istud agas » : solistes
« Fac, ut portem Christi mortem » : solo mezzo-soprano
« Inflammatus et accensus » : solo soprano et chœur
« Quando corpus morietur » : solistes ou chœur a cappella
« In sempiterna sæcula » : chœur
PRETTY YENDE, soprano
GAËLLE ARQUEZ, mezzo-soprano
MAGNUS DIETRICH, ténor
MICHELE PERTUSI, basse
ORCHESTRE NATIONAL MONTPELLIER OCCITANIE
CHŒUR DE L’OPÉRA NATIONAL DE MONTPELLIER
NOËLLE GÉNY, cheffe de chœur
CHŒUR DE L’OPÉRA NATIONAL DU CAPITOLE DE TOULOUSE
GABRIEL BOURGOIN, chef de chœur
ANNE PAGÈS-BOISSET, cheffe de chant
CLELIA CAFIERO, direction
Le Stabat Mater de Rossini est un somptueux repentir : après avoir renoncé à l’opéra, le compositeur italien revient au lyrisme, à l’orchestre et à la voix avec l’une des plus belles partitions sacrées du répertoire.
En 1829, après l’accueil mitigé que reçoit Guillaume Tell, partition qui lui a demandé beaucoup de peine, Rossini sent que le public et le genre lui-même ont changé : le règne de l’opéra buffa et de l’opéra seria est clos, place au grand opéra historique, où Rossini ne se sent pas chez lui. Un an plus tard, la chute de Charles X lui fait perdre son titre de compositeur du roi, et Rossini se sépare de sa femme, la chanteuse Isabella Colbran, qui avait participé à ses plus grandes réussites. Plutôt que de se trahir, il renonce alors à écrire pour le théâtre, et tiendra sa parole pendant les quarante ans qui lui restent à vivre.
Dépressif, inactif, Rossini redresse la tête en 1842 en faisant entendre un Stabat Mater le 7 janvier au Théâtre-Italien, dont il a été directeur autrefois. Cette partition est en réalité le fruit d’une longue histoire commencée dès 1831. Cette année-là, un prélat espagnol, Don Manuel Fernández Varela, commande à Rossini un Stabat dont il ne compose que les six premiers numéros, laissant à son ami Giuseppe Tadolini le soin d’imaginer le reste. L’œuvre est ainsi créée en 1833 à la Chapelle San Felipe el Real de Madrid, mais la mort de Tadolini, en 1841, pousse Rossini à reprendre et achever sa partition.
Sensuel et sacré à la fois, ce Stabat Mater est une œuvre de théâtre qui s’empare de la douleur de la Vierge pour la célébrer d’une manière autant lyrique que dramatique : le « Cujus animam », ainsi, confié au ténor, n’est pas sans rappeler les moments les plus brillants des opéras composés par Rossini au cours des décennies précédentes. Ce mélange des genres et des styles irrita Wagner au plus haut point mais transporta les Parisiens mais aussi le public italien : lors de la première audition à Bologne, sous la direction de Gaetano Donizetti, Rossini fut raccompagné chez lui sous les acclamations de plus de cinq cents admirateurs enthousiastes.
Le Stabat Mater nous revient ici avec la participation d’une distribution hors pair qui devrait nous montrer à quel point il n’existe qu’un seul Rossini, qu’il écrive des opéras ou de la musique religieuse.
Christian Wasselin
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