PAUL TAFFANEL 1844-1908
Quintette à vent en sol mineur
Allegro con moto
Andante
Vivace
GEORGE ONSLOW 1784-1853
Quintette à vent en fa Majeur op. 81
Allegro non troppo
Scherzo : Energico
Andante sostenuto
Finale : Allegro spirituoso
GIOACHINO ROSSINI 1792/1868
Le Barbier de Séville
Arrangement pour quintette Joachim Linckelmann
GEORGES BIZET 1838-1875
Suite de Carmen
Arrangement pour quintette David Walter
Ensemble Ouranos
Mathilde Calderini flûte
Philibert Perrine hautbois
Amaury Viduvier clarinette
Joffrey Quartier cor
Rafael Angster basson
1er Prix du Concours International de Musique de Chambre de Lyon, 2017
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Des salons à la scène : chronique d’une émancipation
Le quintette à vent naît à Paris au tout début du xixe siècle en associant à la flûte, au hautbois, à la clarinette et au basson le timbre doux et velouté du cor. Alors que l’écriture pour les vents évolue au gré des progrès de la facture instrumentale, de nombreux concours sont organisés afin d’en promouvoir les qualités. Les interprètes trouvent alors dans les salons une place de premier choix, loin de leurs rôles encore relativement secondaires au sein des orchestres.
Après sa naissance, le genre voit ses jeunes années couronnées par les 24 quintettes de Reicha (entre 1811 et 1824) : « de création tout à fait nouvelle », pour des instruments qui « n’avaient pas de musique classique, [et] pas même de bonne musique. » Cependant, il s’essouffle rapidement au fil du XIXe siècle au profit du quatuor à cordes. L’opus 81 de 1850 est l’unique exemplaire du genre chez George Onslow, compositeur auvergnat issu d’une ancienne famille anglaise, et qui passe la majeure partie de sa vie à Clermont-Ferrand, tout en bénéficiant d’une large renommée en Allemagne, où il est particulièrement admiré de Mendelssohn. L’écriture y met tour à tour en scène les différents instruments. Il est dédié à Louis Dorus (flûte), Stanislas et Charles Verroust (hautbois et basson), Adolphe Leroy (clarinette) et Joseph Mengal (cor), tous d’éminents musiciens qui participèrent activement à l’évolution de la facture instrumentale au début du XIXe siècle.
Emblématique du genre, le Quintette à vent en sol mineur de Paul Taffanel est composé en 1876 pour le concours organisé par la Société des Compositeurs. Il est plébiscité par un jury constitué non moins que de Delibes, Dubois et Thomas (alors directeur du Conservatoire). Salué par le public en mai 1878, il explore les différentes combinaisons de timbres avant de se laisser entraîner dans une tarentelle virevoltante, qui rappelle par moments le Saltarello, final de la Symphonie n°4 de Mendelssohn, jusqu’à une pirouette finale facétieuse.
Les innovations techniques et l’intérêt renouvelé pour la transcription au début du XXe siècle font regagner au quintette à vent ses lettres de noblesse. En transcrivant des pages aussi célèbres que l’Ouverture du Barbier de Séville ou la Suite tirée de l’opéra Carmen, Linckelmann et Walter honorent un héritage multiple. Réinterprétations d’œuvres emblématiques du XIXe siècle, elles s’inscrivent dans la tradition de la transcription adressée aux musiciens et mélomanes désireux d’inviter les succès de l’opéra dans leur salon.
Maxime Marchand